Cooper Webb est connu pour son mental inébranlable, et c’est précisément ce qui lui a permis de décrocher un troisième titre en Monster Energy AMA Supercross. Pourtant, lorsque l’AMA lui a remis la mythique plaque #1, la carapace a craqué. Pour la première fois, le public a vu autre chose : des larmes. Des mois de pression, de douleurs physiques et de sacrifices, qu’il avait su masquer jusque-là, sont soudainement remontés à la surface.
Durant cinq mois, Webb a donné l’image d’un pilote parfaitement en contrôle. Mais en coulisses, ce fut la lutte la plus difficile de sa carrière. Non seulement à cause d’une concurrence féroce menée par Chase Sexton, mais aussi parce qu’il a couru toute la saison avec une blessure au pouce jamais totalement guérie, réveillée après une chute en intersaison.
« C’est beaucoup de soulagement, mec », a confié Webb après sa victoire. « Il y a tellement de boulot, de passion, de sacrifices derrière. Comme je l’ai dit sur le podium, j’ai passé des nuits à 3h du mat à cogiter sur comment gagner ce foutu championnat encore une fois… et on y est arrivé. »
Un titre arraché au mental, pas au physique
Ce troisième sacre n’a rien d’un conte de fées. Webb l’admet lui-même : il n’est pas le pilote le plus talentueux, ni le plus impressionnant physiquement. Mais il possède un mental en acier trempé et une capacité à souffrir que peu d’autres dans le paddock peuvent égaler.
« Je n’ai pas les qualités physiques de certains. Je suis parfois en surpoids, avec un ‘dad bod’. Mais mentalement, je suis fort et je peux encaisser plus que personne. Je veux ce titre plus que tout. »
Face à des pilotes comme Chase Sexton ou Jett Lawrence, Webb a dû jouer serré, enchaîner les week-ends sans faute, rester concentré, lucide et éviter les erreurs dans les dernières manches décisives.
Le poids des blessures et des sacrifices
La douleur, Webb l’a connue toute l’année, avec ce pouce récalcitrant qui ne cessait de lui rappeler sa fragilité. Pourtant, il n’a jamais lâché. Pas un écart de régime, pas un verre d’alcool en un an, une discipline de fer à l’entraînement, et une volonté de fer.
« C’était neuf mois de douleur. C’est facile d’abandonner dans ces moments-là. J’ai déjà gagné deux titres, j’aurais pu me contenter de ça. Mais je fais ça parce que j’aime ça et que je veux laisser une trace. »
Son entourage a joué un rôle clé, notamment son équipe Star Racing Yamaha, qui l’a repêché après une première expérience décevante chez Yamaha Factory et après ses deux titres obtenus chez Red Bull KTM.
« Ces gars-là sont comme ma famille. Ils savent quand me pousser et quand me calmer. Je peux être moi-même, dire ce que je pense, et ils sont là pour me remettre en place si besoin. C’est ultra précieux. »
Un retour aux sources réussi
Ce titre est d’autant plus symbolique qu’il marque le retour de Webb dans l’équipe qui avait cru en lui lorsqu’il était encore amateur. Après des années chez KTM, ce comeback chez Yamaha via Star Racing sonnait comme une revanche.
« Je suis content d’avoir pu leur rendre ça. Yamaha a investi beaucoup d’argent sur moi en début de carrière pour des résultats pas terribles. Aujourd’hui, on a gagné le plus gros titre possible ensemble. »
Et maintenant ?
L’heure est désormais au repos et à la récupération. Webb a annoncé qu’il se fichait pas mal de l’AMA Pro Motocross Championship qui arrive. Une réaction classique pour un champion fraîchement couronné, lessivé physiquement et émotionnellement.
À 29 ans, il sait que la relève est rapide et affamée. Mais tant qu’il pourra se battre pour la victoire, il restera sur la grille.
« Je vais continuer tant que je peux. J’ai prouvé que je suis un gamer. Ce troisième titre, c’est un rêve. »