Cyril Abiteboul fait le point sur le programme endurance de Genesis Magma Racing


Le patron de Genesis Magma Racing, Cyril Abiteboul, est un homme très occupé en ce moment.

Le programme ‘Trajectory’ de la marque coréenne démarre en trombe avec deux victoires en deux courses en European Le Mans Series pour lancer la saison. Le moteur V8 dérivé du WRC destiné à la GMR-001 LMDh a été démarré avec succès pour la première fois. Et plusieurs décisions clés, qui auront un impact majeur sur les débuts de Genesis en sport auto, seront prises dans les prochaines semaines.

« Oui, je pense que ça va… à peu près ! » plaisante Abiteboul lorsqu’on lui demande s’il est satisfait de l’avancée du programme de développement, qui progresse vite à l’approche des débuts de Genesis en FIA WEC Hypercar l’an prochain.

« Ça va être serré pour valider le moteur. On a très peu de temps, et on sait à quel point ça peut impacter le projet. Six circuits sont réservés pour nos essais, mais si ton moteur n’est pas fiable, tu ne vas pas être content. Il faut qu’on réussisse du premier coup. »

« Bien sûr, on sait que dans le sport auto, ça marche rarement du premier coup. C’est pourquoi on a pris ce raccourci : utiliser un moteur de WRC comme base pour notre moteur WEC. La partie haute du moteur est déjà développée, c’est la partie la plus complexe. Reste à finaliser le bloc et quelques éléments. »

« Jusqu’ici, ça va. Mais si un problème survient, il peut avoir des conséquences énormes très vite. »

Une fois le moteur validé, la prochaine étape sera les essais en piste du GMR-001, prévus entre août et la date limite d’homologation en décembre. Le concept et le design de la LMDh de Genesis, qui repose sur une base ORECA, sont désormais figés.

« Les étapes vont s’enchaîner et ça va devenir un peu plus compliqué. Concernant la voiture, on avait un concept et un design que l’IMSA a challengé.

Au départ, quoi qu’on fasse, ça ressemblait un peu à une Acura ou une Alpine. Il fallait qu’on trouve quelque chose de différent, et on a trouvé. ORECA peut désormais produire les pièces. La première voiture sera assemblée cet été et on la réceptionnera.

Durant nos six sessions d’essais prévues, on aura parfois une voiture, parfois deux, de jour comme de nuit, pour maximiser les opportunités. »

Des choix de pilotes qui se précisent

En parallèle de la préparation de la voiture pour le WEC, il reste des dossiers importants à gérer. Notamment le choix des pilotes, rendu plus complexe par les performances du programme LMP2 en ELMS, soutenu par IDEC.

Actuellement, Genesis compte deux pilotes Hypercar officiels : André Lotterer et Pipo Derani. Deux autres pilotes devraient être annoncés prochainement. Mais les prestations de Daniel Juncadella et surtout du jeune Mathys Jaubert à Barcelone et au Castellet donnent matière à réflexion.

« On devrait annoncer deux pilotes de plus très bientôt. L’objectif est d’avoir six, voire sept pilotes (avec un pilote de réserve) d’ici la fin de l’année.

On a des options sur nos trois pilotes actuels en ELMS (Dani Juncadella, Jamie Chadwick, Mathys Jaubert), mais ces options peuvent concerner cette année ou la suivante.

On continue de recruter, mais sans se précipiter. Il y a beaucoup de très bons pilotes compétitifs, mais il faut aussi de l’expérience. André et Pipo forment un duo qui fonctionne parfaitement, et l’impatience de rouler ensemble grandit. C’est un plaisir de construire cette équipe aussi sur le plan humain. »

Et Mathys Jaubert dans tout ça ?

Quant aux chances de voir le jeune Mathys Jaubert, 20 ans et rookie en proto, dans une GMR-001 dès l’an prochain, Abiteboul tempère.

« Il faut lui laisser du temps. On ne va pas commencer à lui mettre la pression. L’endurance, ce n’est pas un sprint, c’est pareil pour une carrière de pilote. Il faut voir à long terme.

Pour l’instant, c’est bien qu’il roule en LMP2 et en ELMS cette année. Il ne le refera probablement pas l’an prochain. Peut-être qu’il aura l’occasion de prendre de l’expérience en LMDh, et en 2027, on verra. Rien ne presse. »

Côté IMSA, cap sur 2027

Pas d’urgence non plus du côté de l’IMSA, où Genesis compte débuter en 2027. Le choix du partenaire technique sera déterminant, et Abiteboul entend prendre son temps.

« Le programme IMSA se fera avec l’aide d’une autre équipe, probablement avec du personnel local. Je veux qu’on garde cette flexibilité. D’abord, voir si la voiture est compétitive, vérifier que le système fonctionne, avec les bons pilotes.

Ensuite, bien choisir notre partenaire. Quand je vois l’excellence de l’exécution chez Penske et Porsche aux États-Unis, je sais que le niveau est très élevé. On veut être à leur niveau. Si ça prend quelques mois de plus, ce n’est pas grave.

On devrait choisir notre partenaire cet été, pour lui laisser le temps de préparer l’investissement et le recrutement. L’objectif est d’avoir une fenêtre de six mois entre fin 2026 et le deuxième trimestre 2027. »

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