En pleine interview d’après-course avec les médias, Fabio Quartararo s’est soudainement interrompu, s’est penché en avant et a enfoui son visage dans le creux de son bras.
Il n’a fallu qu’un bref instant pour que les journalistes présents réalisent ce qu’il se passait : le pilote Yamaha venait de fondre en larmes.
C’est une scène devenue extrêmement rare de nos jours chez les sportifs de haut niveau, et encore plus en sport mécanique où ce genre d’émotion est souvent perçue comme une faiblesse. Peu importe la déception, les pilotes masquent presque toujours leur douleur.
Pourtant, une trentaine de minutes plus tôt, le Français menait le Grand Prix MotoGP de Grande-Bretagne à Silverstone avec cinq secondes d’avance. Tout indiquait qu’il allait enfin décrocher sa première victoire depuis le Grand Prix d’Allemagne en 2022 — une performance méritée après un week-end étincelant sur ce circuit venteux.
Mais à sept tours de l’arrivée, le système de réglage de hauteur de sa Yamaha est resté bloqué en position basse. Quartararo a immédiatement compris qu’il avait un problème, a fait des signes frénétiques, avant de devoir abandonner. Il s’est effondré à genoux à côté de sa moto, la tête posée au sol.
Un moment bouleversant à voir, et dont les traces étaient encore visibles plus tard en conférence de presse, lorsque le Français n’a pas pu retenir ses sanglots.
Le déclencheur a été une question anodine sur le fait que, malgré tout, ce week-end restait positif et porteur d’espoir pour retrouver la victoire.
Il a commencé à répondre :
« Pour moi, c’est exactement ça, comme je l’ai dit la dernière fois, que… je suis désolé… », avant d’être submergé par l’émotion.
Puis, il a lâché :
« Mais putain, c’est tellement dur ce qu’il s’est passé aujourd’hui parce qu’on a amélioré la moto et quand tout va dans le bon sens, on sait qu’on est rapides. »
Il n’avait pourtant aucune raison de s’excuser. Son attaché de presse l’a réconforté, et Fabio a pu reprendre son interview une minute plus tard. À la fin, les journalistes présents l’ont applaudi et lui ont tapé sur l’épaule.
Il était difficile de ne pas compatir pour le champion du monde 2021, qui vit des saisons compliquées sur une Yamaha en manque de compétitivité.
Beaucoup suivent les sports mécaniques pour la technologie, mais la plupart le font pour les émotions et les histoires humaines derrière ces machines exceptionnelles. Ces pilotes sont des héros souvent cachés derrière leurs casques et bridés par des règlements stricts. C’est pourquoi ces larmes de Quartararo resteront comme un moment rare et sincère — aussi douloureux soient-ils à voir.
Quartararo a également été consolé par son ami et assistant Thomas Maubant, toujours à ses côtés en course. Ce dernier a accouru vers le pilote effondré pour relever sa visière et lui glisser quelques mots de réconfort.
Interrogé sur ce que son ami lui avait dit, Fabio a répondu :
« C’est mon meilleur ami et celui qui me connaît le mieux. Il m’a simplement dit qu’aujourd’hui, j’étais clairement le plus rapide et que ça faisait longtemps que ce n’était pas arrivé. On revient petit à petit. Je ne sais pas quand sera la prochaine fois, mais il y aura des circuits où l’on souffrira et d’autres, comme ici, où on sera performants. Donc on est sur la bonne voie. »
Il y aura assurément des jours meilleurs pour Fabio Quartararo. Mais ce moment nous rappelle avec force à quel point ce sport est bien plus qu’une histoire de vitesse.