24 Heures du Mans 2024 – Peugeot en souffrance malgré une course appliquée


La 93e édition des 24 Heures du Mans a tourné à la déception pour le Team Peugeot TotalEnergies, pourtant parfaitement préparé pour cette échéance et désireux de briller devant ses nombreux supporters présents sur le Circuit de la Sarthe.

Malgré un nouveau record de tours parcourus pour la marque en catégorie Hypercar au Mans (384 tours, 5 232 km pour la #94), le résultat final — 12e et 17e place — n’a pas reflété les efforts fournis. Après un début de saison prometteur en FIA WEC, avec de solides performances à Losail, Imola et surtout à Spa-Francorchamps le mois dernier, cette épreuve mancelle laisse un goût amer.

Un déficit de performance connu et une stratégie à double enjeu

Comme prévu avec la réglementation spécifique des 24 Heures, les Peugeot 9X8 ont souffert d’un manque de compétitivité dès le Test Day. Les deux voitures n’ont pas dépassé les 17e et 18e positions en qualifications, échouant à accéder à l’Hyperpole contrairement aux manches précédentes. L’équipe est toutefois restée concentrée, misant sur une stratégie visant à compenser ce déficit par deux axes :

  • Exploiter les opportunités de course et les incidents en piste

  • Maximiser la longueur des relais, avec notamment des triples relais pneus pour économiser un arrêt par rapport aux concurrents, acceptant des chronos légèrement plus lents pour économiser du carburant.

#94 : une course solide contrariée par un incident

Cette stratégie a porté ses fruits en début de course pour la #94. Régulièrement dans le top 10, elle s’est même brièvement hissée en tête lors des cycles de ravitaillements, au grand plaisir des fans de la marque. Malheureusement, un accrochage avec une autre Hypercar a envoyé la Peugeot en tête-à-queue et ruiné cette stratégie.

Malgré la combativité du trio Loïc Duval – Malthe Jakobsen – Stoffel Vandoorne, la #94 a finalement coupé la ligne à une méritoire 12e place, sans véritable solution pour remonter davantage.

Loïc Duval : « On termine 12e, ce qui correspond à peu près à ce qu’on attendait après le Test Day. On savait que ça allait être compliqué avec ce règlement, mais on a tout optimisé sur la #94 et réussi à se battre avec des voitures plus rapides sur le papier. »

#93 : course contrariée dès le début

La #93 a connu une course encore plus difficile. Obligée de sortir de la piste dans les Porsche Curves pour éviter une GT3 arrêtée en pleine trajectoire, elle a endommagé sa carrosserie et dû rentrer au stand pour réparation. Plus tard dans la nuit, c’est un problème de direction qui a contraint la voiture à un arrêt supplémentaire, avec une intervention efficace de l’équipe, mais un retard cumulatif irrattrapable.

Malgré ces péripéties, Paul Di Resta, Mikkel Jensen et Jean-Éric Vergne n’ont rien lâché et ont franchi la ligne d’arrivée en 17e position.

Jean-Éric Vergne : « Ce fut un Le Mans très difficile pour nous. On a perdu une boucle en début de course en tapant les rails dans les Porsche Curves en évitant une GT3. L’équipe a super bien bossé pour réparer, mais ensuite, problème de direction en pleine nuit. Encore une fois, la crew a assuré. On a tout donné. Ce qui est positif, c’est que les deux voitures voient l’arrivée. Et rouler ici reste toujours un plaisir. »

L’équipe saluée pour sa rigueur

Jean-Marc Finot, Senior VP de Stellantis Motorsport, se voulait lucide et positif malgré tout :

« On savait qu’on serait en difficulté en vitesse pure avec ce règlement. Ça s’est vu dès les qualifs. On a donc construit une stratégie autour de la gestion d’énergie et des relais longs. La #94 a bien fonctionné, en se battant même avec les Cadillac partis en première ligne. Je suis fier du travail de l’équipe, irréprochable et appliquée, comme si on jouait le podium. »

Olivier Janssonie, directeur technique de Peugeot Sport, partageait cet avis :

« L’équipe a réalisé une prestation impressionnante, avec très peu d’erreurs, contrairement à certains de nos rivaux. Pour espérer un résultat correct ici, il fallait être parfait, et nous l’avons été à peu de choses près. Des ingénieurs aux mécaniciens, en passant par les pilotes, tout le monde a été au niveau. On doit garder cette implication, elle finira par payer. »

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