Le débat est lancé chez Ducati. D’un côté Francesco Bagnaia, champion en titre et actuellement troisième du championnat avec 93 points de retard sur son nouveau coéquipier Marc Márquez, leader du classement général. Les sensations sont opposées entre les deux hommes : l’Italien peine à trouver ses marques, tandis que l’Espagnol semble dompter la Desmosedici avec l’aisance d’un vétéran. Au cœur du problème : la configuration de la moto et des avis techniques divergents.
Une guerre technique ouverte chez Ducati ?
Après le Grand Prix d’Aragón, Marc Márquez a confirmé rouler avec la même moto que son frère Alex, une GP24 Gresini :
« Dimanche en course, on utilisait la même moto qu’Alex, car les nouveautés doivent encore être configurées. »
On sait que tout au long de la saison, des améliorations arriveront en priorité dans le team officiel Ducati Lenovo pour maintenir l’écart avec les équipes satellites. « Pour l’instant, ce que nous essayons dans l’équipe officielle Ducati, c’est justement de travailler sur ces nouveautés pour creuser cet écart, » précisait Márquez.
Mais le vrai sujet n’est pas la différence entre Marc et Alex — logique puisqu’ils courent dans deux structures différentes — mais bien l’opposition naissante entre Bagnaia et Márquez au sein du box officiel.
Nouveau carénage, nouvelles tensions
Lors des tests d’après-GP à Aragón, Ducati a testé un nouveau carénage visant à rendre la moto plus maniable et plus douce. Résultat : deux ressentis complètement opposés. Bagnaia s’est montré ravi, déclarant :
« C’est le test le plus positif de la saison pour moi. J’ai aimé ce nouveau carénage et j’ai hâte d’accumuler des kilomètres avec. »
De son côté, Márquez est resté prudent, préférant temporiser :
« Il faut encore l’analyser sur une autre piste et l’introduire progressivement. »
Vers une séparation de développement entre les deux pilotes ?
Chaque pilote ne dispose que d’un seul changement de package aérodynamique homologué dans l’année. Bagnaia pourrait décider de partir sur cette nouvelle configuration dès Misano, tandis que Márquez pourrait rester sur la version actuelle, une divergence qui, si elle se confirme, compliquerait la suite du développement commun imposé chez Ducati.
« Il faut voir si on l’adopte maintenant ou si on attend Misano, même si ce sera peut-être trop tard, » expliquait Marc. « Les sensations sont bonnes, mais les chronos étaient similaires à la version standard. Il faut encore ajuster l’équilibre. »
Les freins, autre point de discorde
Autre sujet qui divise : les freins. Bagnaia a opté pour des disques de 355 mm qu’il est le seul à utiliser dans le team officiel. Márquez, qui les a testés, n’a pas été convaincu :
« Personnellement, je n’ai pas senti de différence. Le seul effet, c’est le poids et la température. Les 355 offrent plus de puissance au bout de la ligne droite, mais la réponse au levier est moindre. »
Deux philosophies, un même objectif
Rien d’étonnant à cela : Bagnaia est réputé pour être un pilote extrêmement sensible et analytique, tandis que Márquez s’adapte immédiatement à n’importe quelle situation.
Le problème ? Ils devront trouver un terrain d’entente. Car si Bagnaia préfère revenir à la moto 2024, et que Márquez estime que la 2025 fonctionne bien, l’arrivée de ce nouveau carénage divise déjà les deux hommes. Et il faut rappeler qu’ils doivent homologuer le même moteur pour la suite du championnat.
Conclusion : un bras de fer technique en suspens
Difficile de dire quand ce duel technique trouvera une issue. Ce qui est sûr, c’est qu’en attendant, Bagnaia et Márquez poursuivront leurs essais respectifs, chacun cherchant à retrouver un maximum de confiance sur la Desmosedici… et un consensus indispensable à la stabilité du team.