Fabio Quartararo a été l’invité du podcast d’Andrea Migno, Mig Babol.
Cette saison, la Yamaha semble montrer de meilleures performances puisque le Français a pu signer des pole positions et mener plusieurs courses. Cependant, il n’a pas encore réussi à concrétiser en victoire, la moto ayant encore plusieurs lacunes à corriger, dont il parle ouvertement lors de cet échange avec Migno. Il évoque aussi la chaleur du public et revient sur son passage de l’équipe Petronas Yamaha à l’équipe officielle, en remplacement de Valentino Rossi.
« C’est incroyable car dès le jeudi, on a l’impression d’être un samedi. Sur certains circuits, il ne se passe rien de spécial avant le dimanche, mais ici (au Mans cette année), l’ambiance est incroyable dès les premiers jours. Ça donne une énergie très spéciale, même si ça épuise. »
« Après le Sprint, j’ai passé 4 heures à faire des essais, et d’habitude je ne vais presque jamais dans le box avant la course. Mais là, j’avais besoin de me poser un peu. L’énergie du public avant de partir et leur soutien sont juste incroyables. »
Ses sensations et les points faibles de la Yamaha
« Maintenant je me sens vraiment mieux. On connaît un peu mieux les choses qui nous font souffrir, surtout le grip, l’accélération, la puissance et l’aérodynamique. Mais sur certains circuits où le grip est bon, comme à Jerez, et où les pneus se dégradent peu, ça nous a permis d’aller très vite. Il y a une amélioration claire et un peu plus de confiance pour pousser la moto à 100 %. C’est quelque chose que je ne faisais pas avant et qu’on voit maintenant sur un tour rapide. »
Malgré les progrès, Fabio est lucide sur ce qu’il reste à faire :
« Quand les pneus se dégradent, en électronique on a encore des faiblesses partout. On sait qu’il n’y a pas UNE chose qui nous fera battre Ducati, mais ce sont des détails qui, cumulés, font qu’en course, Ducati est très forte. »
Il revient aussi sur le développement de la Yamaha :
« Il n’y a pas de secret. Petit à petit, on a amélioré le moteur et le châssis est quasiment resté le même. L’an dernier, en fin de saison, on a pu tester un châssis un peu différent et surtout cette année, on a un cadre qui met du temps à atteindre sa limite. C’est très différent et c’était un gros pas en avant.
Ça fait presque un an qu’on a totalement changé la façon dont l’électronique gère l’accélération, c’est beaucoup plus doux maintenant. Le but est de rendre la moto plus facile à piloter, car elle reste très nerveuse. »
Une carrière pas toujours simple
Fabio confie que tout n’a pas été facile :
« Entre 2019 et 2022, on était toujours devant, à se battre pour des podiums, des victoires, dans le top 5, et même pour le titre. Mais en 2023, on a clairement reculé avec la moto, pendant que les autres progressaient. Passer du top 5 à finir entre la 7e et la 12e place, mentalement, c’était très, très dur. Même chez moi, je n’étais pas heureux. Je me suis demandé si c’était moi qui avais changé. »
Il a alors décidé de consulter un psychologue :
« Je n’y suis pas allé beaucoup, une ou deux fois, mais ça m’a aidé à comprendre un peu mieux. Même si l’année dernière a été terrible, sans un seul podium, j’étais plus calme et plus précis pour améliorer la moto. Il n’y a pas vraiment de secret, mais il faut croire en sa position et repartir avec une grosse motivation, comme on l’a fait cette année. »
La pression de succéder à Valentino Rossi
Enfin, il revient sur la pression d’avoir pris la place de Valentino Rossi chez Yamaha :
« Les gens ne savent pas la pression mentale que ça représentait. Je n’ai jamais voulu dire que j’avais pris la place de Vale, parce que c’est l’icône de MotoGP et surtout pour les fans italiens. J’étais un peu effrayé d’assumer ça. À la première course au Qatar, je me suis loupé. On avait le rythme pour gagner, mais j’étais tellement nerveux que je n’ai même pas pensé aux pneus. Je termine 5e, mais dès la deuxième course, on gagne. C’était un peu dur, mais j’ai vu que les gens voyaient que j’étais rapide, et c’était mon objectif. »