WEC : Ferrari s’impose de justesse à Spa après une bataille acharnée


Ferrari a remporté une nouvelle victoire en Championnat du Monde d’Endurance (WEC) à Spa. De justesse. La marque italienne s’est imposée au terme d’une course marquée par de nombreux duels en piste face à Alpine et BMW.

Ces deux constructeurs auraient très bien pu priver James Calado, Antonio Giovinazzi et Alessandro Pier Guidi de la victoire, mais la voiture qui aurait sans doute dû l’emporter était l’autre Hypercar Ferrari 499P d’usine, partagée par Nicklas Nielsen, Miguel Molina et Antonio Fuoco.

La voiture #50, confiée au départ à Nielsen, s’est montrée la plus rapide pendant les cinq premières heures, avant de céder la tête à la Ferrari sœur #51 dans le résultat final. Les écarts entre les deux Ferrari ont ensuite suivi des stratégies divergentes adoptées par les équipes dans les dernières heures.

Ce choix stratégique a privé les spectateurs belges — près de 100 000 personnes sur trois jours — d’un duel final direct en piste, mais la course a tout de même réservé un final haletant pour ces 6 Heures de Spa.

Les deux Ferrari ont réalisé leur dernier arrêt complet à environ 60 minutes de l’arrivée. C’est plus long qu’un relais habituel pour une Hypercar avec son allocation d’énergie par relais. Ferrari a décidé de tenter le coup en essayant de faire rentrer la #50 jusqu’à l’arrivée sans repasser aux stands.

Pier Guidi, au volant de la #51, a attaqué fort, sachant qu’il lui faudrait environ 35 secondes d’avance pour s’arrêter une dernière fois (un ravitaillement éclair) et conserver la tête. Sa marge de victoire a finalement été de tout juste quatre secondes. Lors de son dernier arrêt à 12 minutes de l’arrivée, il avait 11 secondes d’avance.

Nicklas Nielsen a repris le volant de la #50 pour le dernier relais, car, comme l’a expliqué Giuliano Salvi, responsable des essais et des courses GT chez Ferrari : "Quand il faut aller au bout, Nicklas est champion du monde." Un clin d’œil à ses exploits du Mans 2023, où le Danois avait économisé au maximum son énergie après un arrêt anticipé pour une porte mal fermée.

Quelques Full Course Yellow pour débris ont sans doute aidé Nielsen à Spa, mais tenir 27 tours (quand la moyenne est de 25) sur le plus long circuit du WEC après Le Mans (7 km) reste une performance remarquable. Quand on a demandé à Salvi combien de carburant il restait à Nielsen à l’arrivée, il a répondu : "Zéro." En dehors du strict minimum requis pour le contrôle technique.

Alpine et BMW menaçants, Ferrari joue sur deux stratégies

Ferrari n’a pas connu à Spa la domination vue au Qatar et à Imola. L’écart avec la concurrence s’est réduit. Salvi a même reconnu qu’Alpine et BMW avaient la vitesse pour gagner.

Ferrari a délibérément scindé ses stratégies, car il n’était pas évident de déterminer laquelle serait la plus rapide. Salvi a concédé que tenter d’éviter le dernier splash de la #50 n’était finalement pas le choix optimal. "C’était trop long. Les temps au tour montrent que la voiture n’était plus aussi performante."

Nielsen a d’ailleurs failli perdre la deuxième place face à Mick Schumacher sur l’Alpine A424 LMDh. L’écart à l’arrivée était de seulement neuf dixièmes.

Autre incident notable : un échange de position dans les stands entre Molina (#50) et Giovinazzi (#51) sous voiture de sécurité. Les deux Ferrari devaient ravitailler en même temps, la #51 étant normalement devant dans les stands. Pour éviter un blocage, Ferrari a interverti les positions dans la pitlane, Molina se décalant pour laisser passer Giovinazzi. Une manœuvre jugée comme un "mauvais usage de la voie des stands" par les commissaires. Résultat : un simple avertissement pour Molina, là où une pénalité de cinq secondes était envisageable.

Un plateau plus resserré avant Le Mans

Spa a aussi confirmé que l’écart entre Ferrari et la concurrence s’amenuise. Alpine a signé son deuxième podium consécutif et son troisième en WEC avec l’A424, malgré une crevaison lente pour Schumacher dans la dernière heure.

Le prototype #36 Alpine, aligné avec Makowiecki, Gounon et Schumacher, avait le rythme pour rester au contact des Ferrari. Makowiecki estimait toutefois qu’une victoire était hors de portée ce samedi, mais une deuxième place restait envisageable.

Ferrari s’attendait aussi à voir Cadillac comme un sérieux rival, à en juger par son rythme en essais libres. Pourtant, les deux V-Series.R n’ont jamais vraiment été en mesure de se mêler à la lutte pour la victoire. Les pénalités précoces ont plombé leurs espoirs, mais l’équipe voit dans ses cinquième et sixième places une base de travail avant Le Mans.

Toyota, en revanche, a sauvé les meubles grâce à une stratégie décalée pour la #8 de Hartley, Hirakawa et Buemi, remontée de l’avant-dernière ligne pour finir quatrième. Le constructeur japonais ne disposait pas du rythme pour jouer devant et a misé sur l’air libre, comme lors de son titre 2023 à Bahreïn.

Prometteur pour Le Mans

Cette édition 2024 des 6 Heures de Spa laisse augurer d’un affrontement plus ouvert que prévu pour les 24 Heures du Mans. Ferrari a certes dominé les qualifications — la pole de Fuoco était six dixièmes plus rapide que la première voiture non-Ferrari — mais en course, cet avantage a fondu.

Reste à voir si cela comptera vraiment, puisque Le Mans bénéficiera d’un Balance of Performance (BoP) spécifique, adapté à ses 13,6 km de tracé unique.

Quoi qu’il en soit, Ferrari n’a pas écrasé Spa comme au Qatar et à Imola. De bon augure pour l’épreuve phare du WEC en juin.

Plus récente Plus ancienne