Nicolò Bulega est en train de s’imposer comme l’une des grandes références du sport moto italien. Actuel leader du championnat du monde Superbike et vice-champion du monde en titre, il ne semble pourtant pas encore bénéficier de la reconnaissance que ses résultats devraient naturellement lui accorder. Un discours persistant tente en effet de minimiser ses victoires, en les attribuant à la supposée supériorité de la Ducati qu’il pilote — un scepticisme qui apparaît bien injustifié au regard de l’histoire récente du Superbike.
Pourquoi le “facteur moto” n’a-t-il pas le même poids pour tout le monde ?
C’est un sujet récurrent dans le sport mécanique, et pas seulement en Superbike : l’idée selon laquelle un pilote doit ses succès à la supériorité de sa machine. Même une légende comme Valentino Rossi en a fait les frais, avant de faire taire les critiques en passant de Honda à Yamaha avec succès. Dans le cas de Bulega, ces insinuations paraissent pourtant encore plus déplacées. De manière paradoxale, son rival direct Toprak Razgatlıoğlu est, lui, souvent élevé au rang de phénomène — et ce, quelles que soient les circonstances.
Une question se pose donc naturellement : pourquoi, alors qu’en 2024 la BMW bénéficiait d’importantes concessions techniques pour développer sa moto, l’idée que les victoires de Razgatlıoğlu seraient dues à la supériorité de son matériel n’a jamais trouvé d’écho dans l’opinion publique ? Le pilote turc reste, pour beaucoup, un des plus grands talents de l’histoire du Superbike.
Deux talents indiscutables, mais une perception différente
Le talent du pilote turc est indéniable, et sa capacité à gagner avec deux constructeurs différents (Yamaha et BMW) en témoigne. Pourtant, la manière dont ses succès sont racontés et perçus diffère sensiblement de celle qui entoure les performances de Bulega. Lors du week-end de Cremona, malgré le net avantage du pilote italien, on comptait même davantage de drapeaux turcs que tricolores.
Et pourtant : Bulega s’est forgé son succès de manière éclatante et précoce. Champion du monde Supersport en 2023, dès sa deuxième saison dans la catégorie, il a terminé vice-champion du monde Superbike dès sa première année, avec six victoires à la clé. À titre de comparaison, Toprak Razgatlıoğlu avait atteint ce total de succès seulement lors de sa quatrième saison, en 2021, l’année de son sacre. Sa saison de débutant s’était achevée à la neuvième place.
Si le style spectaculaire et spectaculaire du Turc, ainsi que ses exploits en piste, participent à son image de talent universellement reconnu, les résultats de Bulega — pourtant plus rapides — peinent encore à provoquer le même impact médiatique. Faudra-t-il un titre mondial pour lever définitivement ce voile de scepticisme ?